• Nathalie (le prénom a été changé, en réalité elle s'appelle Julie) travaille comme assistante sanitaire dans un camp de vacances en Haute-Savoie. Je, pour ma part, y suis simple vacancier : j'y ai rejoint Lucie (j'ai changé le prénom de Martine, que je tairai ici), également assistante sanitaire.

    Une promenade dans les environs est organisée, une voiture et ma moto sont réquisitionnées, nous sommes six. Au retour, Nathalie est ma passagère. C'est une responsabilité d'emmener une passagère en moto, surtout sur les petites routes de montagne, avec les risques dus aux nombreux virages, les voitures n'y roulant pas forcément à droite, les chutes de pierres... Je considère la présence d'un passager (même féminin) comme nécessitant un respect du code de la route encore plus rigoureux qu'à l'ordinaire : pour des raisons de sécurité bien sûr, mais j'ai aussi l'impression que je rendrais le passager complice de toute infraction que je pourrais commettre.

    Et puis elle a à peine vingt ans, moi cinquante, je ne vais pas me ridiculiser à jouer le jeune fou exubérant que je ne suis pas. Je conduis donc très prudemment, en douceur, Nathalie doit apprécier, je suis content de moi, elle est jolie.

    Devant nous, une voiture roule très doucement, je garde mes distances, les virages serrés découragent tout dépassement en douceur. Bien sûr, je pourrais utiliser toutes les qualités de la moto pour effectuer un dépassement en force (ça commence par une violente accélération, ça finit par un freinage brutal avant le virage), mais je ne veux surtout pas brusquer la jolie Nathalie. Au bout de quelques minutes, l'allure me paraît ridiculement faible, il faut quand même réagir. Je vais doubler, je présenterai mes excuses à Nathalie, elle appréciera, elle est tellement jolie.

    Une courte ligne droite : j'accélère violemment, je balance la moto à  gauche, à droite, le virage est là, je freine fort. Mais dès le début de l'accélération, Nathalie a poussé un long hurlement, j'ai hésité à poursuivre, elle va être fâchée, jolie comme elle est. Je retrouve une allure modérée, je me retourne vers elle pour m'excuser, elle me répond tout excitée que c'était vraiment super, que c'est comme ça qu'elle aime la moto, qu'elle roule beaucoup derrière son père et qu'il va très vite.

    Bon, finalement, l'idée du jeune fou exubérant n'était pas si mal que ça... Je rentre au camp avec la jolie Nathalie et trente ans de moins.

     


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  • Donner le nom d'une ville à une rue, c'est lui rendre hommage (je me souviens à Brest de la "Rue de Glasgow, ville bienfaitrice").
    La ville de Marseille rend donc hommage à Constantine, avec son Avenue de Constantine. Il s'agit d'une ruelle étroite et sale, à la chaussée défoncée. Et le mot avenue, comme pour ajouter encore à la moquerie...
     

      


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  • (Billet rédigé en novembre 2008)

    Jacques-Albert Ménard, qui, en janvier 2006, avait proclamé que Nicolas Sarkozy serait élu président de la république française, et qu'un Noir serait président des États-Unis d'Amérique en 2009, a été libéré hier de l'Hôpital Psychiatrique Sainte-Marie de Privas (Ardèche), où il était soigné depuis bientôt 3 ans.


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  • Où l'on comprend la nécessité d'avoir des policiers et des gendarmes particulièrement bien formés et contrôlés :

    "Si on donne une canne à pêche à un imbécile, ça fait un imbécile heureux ; si on donne une arme à un imbécile, ça fait un imbécile dangereux."
    (Georges Moréas, ancien commissaire de police.)


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  •  Entendu sur Francinter : "Le ministre a brûlé un peu vite les étapes".

    Nous ne saurions empêcher Monsieur le Ministre de brûler les étapes, mais nous lui serions reconnaissants de le faire moins vite.

    Le langage s'use. L'expression "brûler les étapes" s'affaiblit ? On dira donc "brûler un peu vite les étapes", expression qu'on raccourcira : bientôt, on entendra sur Frinter que le ministre a brûlé un peu vite.

    Les.


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  • J'en veux à mes instituteurs (mais était-ce vraiment de leur faute) de m'avoir imbibé de la notion de faute d'orthographe.

    Il y a une telle connotation culpabilisante dans le mot « faute » que je ne supporte plus l'expression « faute d'orthographe » !

    J'utilise l'expression « erreur d'orthographe ».


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  • On entend souvent parler de personnes "en osmose", expression connotée de façon fortement positive. Mais qu'est-ce que l'osmose ?
    Le Petit Robert 1923 (je crois) donne une définition plutôt compréhensible : "phénomène de diffusion qui se produit lorsque deux liquides ou deux solutions de  concentrations moléculaires différentes se trouvent séparées par une membrane semi-perméable, qui laisse passer le solvant mais pas la substance dissoute". Application : l'osmose est employée pour la désalinisation de l'eau de mer : l'eau traverse la membrane semi-perméable, le sel reste à la porte ; ou pour purifier le sang dans la dialyse.
    Alors, quel rapport avec par exemple les acteurs "en osmose" avec le réalisateur, et d'une façon générale des personnes travaillant ensemble "en osmose"? Il s'agit probablement d'une simple histoire d'ose. On dira aussi bien (voire mieux) des personnes "en kolkhose", "en fructose", "en Mermoz", "en scoliose"...

    Peut-être aussi veut-on dire "en symbiose" (et là je vous laisse consulter le dictionnaire), mais si c'est le cas, le plus simple est d'utiliser l'expression "en symbiose". Pourquoi ne le fait-on pas ?


    A vos dictionnaires des rimes, pour trouver des expressions encore plus cons !

     


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  • Relevé dans "La science au présent 2008" (publié par Encyclopaedia Universalis), page 45, à propos d'une découverte archéologique à Nîmes :

    L'un de ces bassins contenait encore la statue grandeur nature en calcaire recristallisé du dieu Neptune.

     


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  • Ou tentative d'épuisement de la localisation des ustensiles de cuisine.


    Chère belle-maman,
    vous venez de passer à la maison une semaine, qui s'est déroulée au mieux. Je ne sais qui de vous ou de moi en est le plus méritant.
    Les jours ayant suivi votre départ se sont beaucoup moins bien passés.

    J'ai voulu faire des nouilles (1).
    Quoique ce soit une activité que je pratique assez rarement, j'y ai acquis une certaine dextérité.
    En fin de cuisson, il faut "passer" les nouilles. Le mot "passer" est assez mal employé : en effet, quand on passe des nouilles à la passoire, en réalité les nouilles restent. C'est l'eau qui passe. Mais essayez de dire "j'ai passé de l'eau". On vous regardera drôlement. J'ai voulu passer mes nouilles. Pour cela, j'ai cherché ma passoire habituelle.
    En vain.
    Ma passoire en plastique violet, avec tamis blanc, était introuvable.
    J'ai utilisé ma vulgaire passoire bleue, triste et laide.
    Les nouilles étaient fades.

    J'ai voulu touiller mon café.
    Je bois mon café sans sucre, mais il importe qu'il soit touillé.
    Après mon déjeuner, mon expresso doit être touillé avec une minuscule cuillère, qui serait juste assez grande pour nourrir un souriceau. Je m'en moque, c'est juste pour touiller mon expresso de 13 h.
    Je n'ai pas trouvé ma cuillère à souriceau, j'ai dû utiliser une cuillère à café.
    Mon café était fade.

    J'ai voulu faire une vinaigrette.
    Le bol à vinaigrette était introuvable.
    J'ai pris un bol à café.
    Ma vinaigrette était inexplicablement excellente.
    Qu'ai-je trouvé en cherchant mon bol à café ? Le bol à vinaigrette !!! Rangé au milieu des bols à café !

    Ça avait trop duré !

    Il fallait une campagne de réorganisation de MA cuisine, et pour cela écrire les règles jusqu'à présent tacites, donc sujettes à interprétation, voire à moquerie.


    Rangement des cuillères.

    • Dans le tiroir de gauche :

      • Au fond : les cuillères courtes, mais pas trop fines (à café, à moka).

      • Devant : les cuillères longues : à soupe, ou à café (pour mugs ou pots de khonfiture(2)).

    • Dans le tiroir de droite :

      • Au fond : les cuillères à café en argent, en inox, ou imitation Laguiolle avec manche en plastique coloré.

      • Devant : à droite, avec certains couteaux, les cuillères à souriceaux.

    Rangement des fourchettes.

    • Dans le tiroir de gauche :

      • A gauche : les fourchettes en acier à ferrer les ânes (qui servent pour la préparation des repas ainsi que pour le petit déjeuner).

    • Dans le tiroir de droite :

      • Au fond : les fouchettes à dessert en inox.

      • Devant : les fourchettes de table en inox (midi et soir).

    Rangement des couteaux.

    • Dans le tiroir de gauche :

      • A gauche, les couteaux utilisés à table.

      • A droite, les couteaux de cuisine de taille petite et moyenne.

    • Dans le tiroir de droite :

      • A gauche, les couteaux de table en inox (repas de gala, ou repas normaux avec viande tendre - voire molle - ou poisson).

      • A droite, les couteaux à fromage-et-dessert.

      • Devant, les trois gros couteaux à découper la viande, ainsi que la hachette que j'utilise pour montrer qu'il faut pas me chercher.

    Rangement des bols.

    • Dans le placard côté frigo : les bols utilisés pour le petit déjeuner.

    • Dans le placard côté fenêtre : les bols utilisés pour la cuisine, par exemple pour la vinaigrette.


    J'ai retrouvé la passoire au milieu des boîtes en plastique - probablement parce qu'elle était en plastique.

    Belle maman, la prochaine fois que vous viendrez passer quelques jours à la maison, ayez en mémoire tout ceci. Je vous conseille de l'imprimer.


    (1) - Dialogue extrait des "Bâtisseurs d'empire", de Boris Vian (extrait approximatif, d'après un souvenir vieux de quelques décennies, et que je rectifierai dès que j'aurai retrouvé mon bouquin) :
    - Qu'y a-t-il à manger ?
    - Des pâtes.
    - Alors faites-en.
    - Mais ce n'est pas la peine d'en faire puisque je vous dis qu'il y en a.

    (2) - Cantilènes en gelée, Chanson galante. De Vian aussi.

     


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  • On a coutume de dire "il ne faut pas trop faire telle ou telle chose..." Il s'agit là d'une véritable troptaulogie !
    En effet, comment définit-on le "trop"? Justement par ce qu'il ne faut pas faire.
    Ainsi, la phrase initiale devient "il ne faut pas faire ce qu'il ne faut pas faire".


    Sujet de réflexion : veuillez comparer les phrases suivantes :

    • il ne faut pas boire trop de vin ;

    • il ne faut pas boire trop d'eau ;

    • il ne faut pas boire trop.


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  •  

    Je sais bien qu'une langue qui ne s'use pas devient une langue morte, mais en entendant de plus en plus fréquemment employer le mot anachronisme pour paradoxe, j'en viens à me demander si les personnes qui chronomètrent se rendent vraiment compte qu'elles "mesurent le temps".


    On ne mesure pas le temps, à proprement parler : on sait juste, simplement, mesurer son écoulement. Et je ne suis pas fier de cette note : cette notion n'est pas plus claire.


    Desproges nous aurait parlé de la racine "chronos", le temps, et du préfixe "ana", très joli également.


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  • J'entends ce soir sur Francinter Nick Mason, du groupe Pink Floyd, parler en détails de la genèse d'une chanson de l'album Dark Side of the Moon, un des plus grands succès (autant artistique que commercial) de l'industrie discographique.
    Il s'agit d'un calque quasi parfait des propos de Maurice Chevalier, sur Francinter déjà, diffusés en août 1995, où celui-ci expliquait avec délectation de quelle façon sa chanson Prosper, initialement totalement anodine, avait été métamorphosée en chef-d'oeuvre par l'ajout de l'interjection "yop-là-boum" !


    Je tiens à signaler aux mal-comprenants que si je me moque ici de quelqu'un, c'est bien de Maurice Chevalier.

     


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  • J'en veux à cet excellent instituteur qui m 'a préparé à ma vie d'adulte de m'avoir dit un jour - de m'avoir fait croire - que la France était un pays à la forme harmonieuse ! Quelle supériorité j'ai alors ressentie vis-à-vis des Autrichiens, des Britanniques, des Béninois (vous avez vu le Bénin !)

    Moi, je faisais partie d'un pays aux formes harmonieuses ! Heureusement, par un mystérieux hasard, je n'ai jamais su qu'il s'agissait d'une patrie, dont j'aurais pu avoir à défendre l'harmonie. S'il y avait eu une guerre, je me serais peut-être senti obligé de donner ma vie pour ce pays aux formes si harmonieuses.

     

    Définition.

    Harmonie : sentiment que procure ce qu'on nous a appris à considérer comme harmonieux.

    L'harmonie est, au même titre que la publicité, le bootstrapp et la bulle spéculative, une construction intellectuelle auto-validée : elle est la seule à se donner du sens. Supprimez-la, il ne restera rien à l'extérieur d'elle-même pour lui donner une raison d'exister.

     

    Ce n'est pas à cet instituteur que je devrais en vouloir, mais alors à qui ? Les responsabilités se sont peu à peu diluées – au moins du 32 CH : les responsables ne sont peut-être même plus dans le système solaire.


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  •  Elle m'ennuie, cette façon qu'ont les personnes affectées d'un groupe sanguin A rhésus positif de le signaler par un "A+" à la fin de leurs messages.

    Je suis O rhésus négatif, c'est à dire donneur universel (ça me flatte, même si je n'y suis pour rien), et il ne me viendrait pas à l'esprit de terminer mes messages par O-


    Bon, je suis totalement hypocrite : par coquetterie,  je me mets à terminer mes messages par O-


    "Faut qu'ça saigne" est le refrain de la chanson de Vian "Les joyeux bouchers".

     


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  • Il est étonnant de constater à quel point les événements qui constituent la réalité se trouvent correspondre tout naturellement à l'idée que nous nous faisons de cette réalité, confortant ainsi chaque jour le bien-fondé de  nos certitudes, ainsi que des quelques convictions que nous nous tolérons - tellement le mot "conviction" est connoté négativement (1).
    Je me laisse parfois envahir par l'idée que, nos certitudes étant établies une fois pour toutes, la réalité telle que nous la percevons - à travers les filtres et les optiques déformantes que constituent le souvenir de nos rancoeurs, de nos bassesses passées et de nos renoncements, notre instinct, nos névroses - cette réalité de l'extérieur se moule à la perfection avec l'idée que nous en avons.
    Et alors nous ressentons profondément que nous sommes heureux, que nous avons raison - et que les autres sont des cons.


    Nos certitudes sont suspendues dans notre penderie à idées, et attendent qu'on vienne les chercher pour justifier nos actes. Nous ouvrons notre penderie et nous demandons avec quoi nous allons habiller ce que nous venons de faire ou de dire - mûs par des forces que nous ne comprenons pas, et croyant toujours à notre libre arbitre.

    Exemple vécu (à plusieurs reprises) : je développe une idée, forcément intéressante. Plus tard, X, qui m'a écouté attentivement, déclare
    en public : "je suis d'accord avec Faustroll, quand il dit que ..." Suit un exposé d'idées totalement étrangères aux miennes (les siennes), et qu'il vient manifestement de sortir de sa penderie à lui. Il est heureux, il a raison, et je suis d'accord avec ses idées.


    (1) Si l'on considère qu'une conviction est une certitude raisonnée. Et une certitude, ce peut être un principe.
    Mais si on considère la certitude comme une conviction raisonnée, on peut effectuer la permutation, éventuellement circulaire, des deux mots. Mon raisonnement n'en est aucunement affecté, ce qui prouve son essentielle véracité.

     


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  • Je me retrouve entorsé de la cheville depuis hier. Une balade en montagne avec Martine. Bon, mes bobos ne sont pas un sujet intéressant, mais je vais essayer de tirer des considérations générales, à portée universelle, de ce grave accident.

    1 - Contexte.
    Une randonnée pédestre nous avait amenés à des hauteurs peu avouables, en partant de Sixt-fer-à-cheval (Ote-Savoie, comme dit Cabrel).

    2 - Risquologie (je n'utilise pas le terme adéquat, d'abord pour ne pas paraître pédant, ensuite parce que je l'ai oublié).
    Alors que je parcourais le sentier descendant en bondissant, tel le bouquetin moyen, au-dessus des rochers, des cailloux & des éboulis (50 ans que je fais ça !), ma jubilation a été brutalement interrompue par une portion de sentier en vulgaire terre plate, horizontale, d'un inintérêt même pas intéressant. Et c'est là que je m'ai gamellé, marchant tranquillement, mon pied gauche se retrouvant glissant vers la pente à droite, et le reste de l'individu s'écrasant dessus. C'est totalement incompréhensible.

    Cloncusion : c'est quand c'est pas dangereux que c'est le plus dangereux.

    3 - Aspect mystique.
    Submergé par une douleur heureusement circonscrite à la cheville, je me suis traîné jusqu'à l'ombre d'un arbre proche, attendant Martine. Avant de me rejoindre, elle a eu le temps de tomber au même endroit que moi, s'en tirant avec une vulgaire écorchure au genou. Je suis allé examiner le lieu précis de ces deux accidents : rien ! Une anodinerie rarement rencontrée ! Alors pourquoi ici ? Un lieu maudit ?

    4 - Aspect pratique.

    J'ai dû descendre environ 800 mètres de dénivelé avec une foulure à la cheville, le retour à la voiture a duré environ 3 heures. J'ai descendu tout ça pratiquement à cloche-pied. Si je n'avais pas eu de bâtons de marche, je n'aurais pas pu descendre un mètre ! J'aurais dû être descendu en hélicoptère. Donc, le seul intérêt de ce message est : utilisez des bâtons ! Ça aide à la montée (utilisation des muscles des bras et des épaules, ça donne des ailes !), ça aide à la descente (très importante diminution de la contrainte sur les genoux, ce que vient de me confirmer mon toubib en même temps qu'il s'apitoyait sur ma cheville), et surtout ça permet de se sortir de situations difficiles.

     


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  • Dans ses "Notes brèves sur l'art et la manière de ranger ses livres" (in Penser/classer, Hachette, 1985, 95,00 FF), Georges Perec tente d'épuiser, comme à son habitude, l'art et la manière de ranger ses livres (ah ! ah !).

    "Ainsi, le problème des bibliothèques se révèle-t-il un problème double : un problème d'espace d'abord, et ensuite un problème d'ordre".
    Je cite le dernier paragraphe : "2.5. Comme les bibliothécaires borgésiens de Babel qui cherchent le livre qui leur donnera la clé de tous les autres, nous oscillons entre l'illusion de l'achevé et le vertige de l'insaisissable. Au nom de l'achevé, nous voulons croire qu'un ordre unique existe qui nous permettrait d'accéder d'emblée au savoir ; au nom de l'insaisissable, nous voulons penser que l'ordre et le désordre sont deux mêmes (1) mots désignant le hasard.
    Il se peut aussi que les deux soient des leurres, des trompe-l’œil destinés à dissimuler l'usure des livres et des systèmes.
    Entre les deux en tout cas il n'est pas mauvais que nos bibliothèques servent aussi de temps à autre de pense-bête, de repose-chat et de fourre-tout (2)."

    Voilà, le mot est dit : "chat".

    Le rangement des cartes routières est difficile à plusieurs titres.

    1. Quelle catégorisation choisir ? L'éditeur (Michelin, l'IGN, Foldex, le BRGM ...) l'échelle (1/25 000 ; 1/175 000 ; 1/200 000 ; 1/1 000 000 ...), la zone (Orcières-Merlette - Sirac. Mourre froid ; Cantal, Lozère ; Bordeaux Périgueux Tulle ; Midi-Pyrénées ; Afrique Nord et Ouest ...). Le numéro ? La carte Michelin de l'Ardèche au 1/100 000, numérotée 4007, doit-elle être rangée avec ses congénères de la série "Départementales" (série 40, bleues), ou avec "Rhône-Alpes" au 1/200 000 (série 200, jaune) ? Dois-je regrouper les Michelin "Local" (série 300, jaunes et orange), les "Zoom" (série 100, vertes), etc.

    2. Dans quelle position ? A plat, sur champ, petit côté, sur champ, grand côté. A chaque position correspond un aménagement particulier de l'étagère et une façon de manipuler les cartes pour en rechercher une.

    3. Quel endroit choisir ? Dans la bibliothèque, à portée d'oeil et de main ? Dans un tiroir, dans un placard, aux toilettes (pour rêver) ?

    Pour ma part, le rangement dans le placard à portes coulissantes du bureau s'effectue en 3 piles et à plat, et ne répondra à aucun ordonnancement tant que ma chatte sera capable d'ouvrir la porte, de sauter sur l'étagère et de se vautrer au milieu des cartes préalablement mélangées avec application.



    (1) Il semble que le mot "mêmes" soit inconvenant. Ou bien, considérant qu'il s'appliquerait mieux au mot "hasard", on peut n'y voir qu'un hypallage.
    (2) On attend ici une intervention de Desproges : à la fin de cette phrase, je me suis retenu d'écrire "y-compris ma belle-sœur". J'ai réussi à retrouver l'origine de cette mauvaise (3) plaisanterie : dans son "Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des bien nantis", on peut lire à l'entrée "Zeugma" : [...] Plus périlleux, le double zeugma : "Après avoir sauté sa belle-sœur et le repas de midi, le Petit Prince reprit enfin ses esprits et une banane" (Saint Exupéry, Ça creuse)."
    Sujet de réflexion : pourquoi n'ai-je pas eu à l'esprit "y-compris le repas de midi"?
    (3) Ce mot est probablement (4) de trop : si je trouvais mauvaise cette plaisanterie, je ne la citerais pas.
    (4) Idem.

     


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  • De Jean-Pierre Verdet, mathématicien, astronome notoire, ancien directeur de l'Observatoire de Paris, récemment immigré dans la Drôme :

    "Les trous noirs, c'est... troublant."


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  • Enfant, j'ai passé de longues heures, au petit déjeuner, à rêvasser devant mon bol de cacao, devant la boîte de Banania où s'affichaient un Nègre à la peau bien sombre, et en grosses lettres le slogan « y'a bon Banania », tout en lisant Tintin au Congo. Je ne peux dire précisément comment ces deux références m'ont marqué.

    Bon, je crois que je m'en suis sorti.

    Mon ami Ludovic, Noir de la Réunion, qui refusait qu'on l'appelle Mamadou (sous le prétexte qu'il s'appelait Ludovic !), va-t-il bientôt se faire appeler Barak ?

    Ce serait malgré tout un progrès, tant il est vrai qu'il y a des degrés à la connerie.


    À une pétasse (1) à la peau blanche et la voix haut perchée le complimentant sur sa maîtrise de la langue française, Léopold Sedar Senghor tint à peu près ce langage : « moi y'en a avoir aucun mérite, Madame, moi y'en a être agrégé de l'Université ».

    Les racistes se rendront-ils compte un jour qu'ils sont avant tout des frustrés, des jaloux et au choix des ridicules, des irréfléchis, des irresponsables, des ânes, et aussi parfois des assassins (en tant que racistes, à la différence des épiciers assassins qui ne sont jamais assassins en tant qu'épiciers).

     


    (1) S'il s'était agit d'un homme, quel qualificatif aurais-je choisi ? Je ne sais pas... Comme le chantait Lennon, « Woman is the Nigger of the World ».

     


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  • Mise en garde au lecteur : je ne suis pas particulièrement fier de ce billet, ni du précédent (que je viens d'ailleurs de dépublier), mais je les publie par refus de l'autocensure.


    Je viens d'entendre une calamité : Arielle Dombasle chantant l'Ave Maria de Gounod, dans une version « modernisée » (mot qui n'est habituellement pas synonyme de massacrée).

    Une phrase résume mon impression : c'est cette nouille de Dombasle qui chante « Ave Parilla ».

     


    "Ah les nouilles" est une chanson malheureusement mésestimée des Charlots.

     


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  • La scène se déroule à la fin du XXè siècle, au rayon charcuterie d’un hypermarché :

    « Y m’faudrait 100 grammes de boudin. »

    Je n’ai pas dit que c’était pour une recette des frères Troisgros, et que je remplaçais le sang de lapin par du boudin. Ça n’aurait rien arrangé.

    « Euh », qu’elle dit en saisissant un rouleau de 50 m.

    Puis, une main indécise balançant le couteau au-dessus du boudin : « si je vous en mets trop, je pourrais pas vous l’enlever ».

    Je comprends son inquiétude : la veille, elle officiait probablement au rayon poissonnerie, elle manque d’assurance à son nouveau poste. Je vais la rassurer.

    D’une voix douce et le sourire débonnaire à la main, je guide la sienne :

    « un peu plus… non, un peu moins… làààààààà. Non, encore un peu… Stop, ça devrait être bon ».

    Le supplice est terminé, elle se détend, enveloppe les 13,5 cm de boudin, les pose sur la balance, qui affiche illico 100 g ! Son visage se crispe, elle me regarde d’un air incrédule, elle a assisté à un miracle, elle rougit, elle rougit ! Je tend la main, elle y dépose l’offrande, le visage inexpressif de peur de ne pas savoir exprimer ce qu’il faut.

    Je m’éloigne d’une démarche modeste.

    Et maintenant, par quoi remplacer à moindre coût le foie gras de la recette des frères Troisgros ?

     


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  • Martine commence à travailler comme aide-soignante dans une maison de retraite. Le premier matin, elle visite l'établissement, elle fait connaissance avec le personnel, avec les pensionnaires, elle aide à la toilette, à faire les lits.
    A midi, on la charge de faire manger une vieille dame. Au bout de quelques laborieuses bouchées, une aide-soignante accompagne dans la salle à manger une autre dame, dans un fauteuil roulant, puis elle s'éclipse : celle-ci mange seule. Ou plutôt, elle essaie de manger seule : l'aide-soignante l'a installée de travers, elle doit se tordre pour atteindre son assiette. Martine contourne la table et remet en bonne position le fauteuil roulant, d'un geste peut-être un peu brusque : un glapissement fait vibrer les vitres de la salle à manger ! Martine s'aperçoit que le fauteuil roulant était placé en biais pour permettre à une jambe raide de trouver une position confortable entre les pieds de la table : elle rétablit la position initiale, puis, ayant vérifié que personne n'avait vu la scène, exceptée la première vieille dame, elle retourne faire manger celle-ci.
    Mais elle, qui ne se nourrissait plus seule depuis plusieurs semaines, s'est empressée de saisir sa cuillère, et, sans effort, sans raideur, mange avec entrain son potage froid.

    Elle est méchante, la nouvelle.


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  • Aucun domestique ni conjointe n'ayant à les faire à ma place, je fais souvent les courses du ménage.

    Je me trouvais récemment dans un supermarché Géant Casino, et la boîte de mouchoirs que je voulais coûtait 1,08 €. J'en ai pris 2, qui coûtaient donc 2,16 €. Pauvre de moi ! Consommateur irresponsable, gaspilleur des ressources du foyer! J'ai vu les mêmes mouchoirs en lot de 2 boîtes, pour 2,13 euros, avec en gros caractères la mention « OFFRE CHOC ! ».

     

    Quels crétins, quels imbéciles, quels pauvres types !

     

    J'ai gardé les 2 paquets à 1,08 euros.

    J'ai perdu 3 centimes.

    Ma dignité se porte bien.


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  • Mon couple se porte bien, merci - des hauts et des bas, des ho ! et des bah ! Dans quelques jours, nous fêtons les 16 ans de l'emménagement dans notre maison.
    Bientôt 16 ans, 5840 jours, certains plus quotidiens que d'autres...
    Les grands enfants ont quitté la maison, le cadet y est encore pour quelques années, l'étage est pour lui seul.
    Quelques chats y ont fini leur vie, d'autres y ont vécu leur enfance.

    Martine et moi avons appris à distinguer le futile de l'essentiel.

    Seize ans... Peu à peu, je rénove les pièces de la maison. Je me souviens, en arrachant des lambeaux de tapisserie, les longues semaines où j'ai aménagé, peint, tapissé, posé les planchers, souvent le soir à la lumière d'un projecteur, en écoutant à la radio des émissions dont des bribes me reviennent. Presque à chaque recoin de mur dont je décolle le papier, à chaque prise électrique que contourne mon pinceau, se rappellent à mon souvenir une chanson, la voix d'un présentateur, ou une pensée longuement élaborée ou ruminée dans la solitude de la maison froide.
    Mais pourquoi, dans quelles circonstances, après quels mots peut-être un peu rudes, ai-je confié au mur, avant de la recouvrir, il y a seize ans, du papier peint que j'arrache à l'instant, et de l'enfouir dans un recoin obscur de ma mémoire, la phrase suivante au crayon noir : "m'aide pas, j'y arrive déjà pas tout seul" ?

    Les mystères de la vie en couple.

     


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    D'un roulant de la SNCF : "les horaires servent à calculer les retards".




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  • La banque à qui ?

    Fortement mises en cause depuis les débuts de la crise financière, les banques ne savent plus que faire pour retrouver la confiance. Ici, dans la ville de Côme ("Côme interne", dit-on en russe), cette banque affiche une familiarité de bon aloi.


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